Villa Garnier
Villa Garnier

Architecture, Histoire

Le charme secret des villas d’antan

De tout temps, Boulogne-Billancourt a été l’écrin de petits bijoux d’architecture, reflets de l’exubérance ou de l’excentricité de leurs propriétaires. Sélection de quelques demeures à l’architecture atypique, aujourd’hui disparues.

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Villa Garnier

Jusque dans les années 1970, existait au 16 rue de Sèvres, une propriété bourgeoise au toit mansardé, édifiée dans les dernières décennies du XIXe siècle et entourée d’un superbe jardin agrémenté de multiples massifs floraux et d’arbustes en pots. D’abord agrandie avec l’ajout d’ailes latérales surmontées de balustrades, la villa de Léon Garnier, riche savant, a sans aucun doute étonné plus d’un passant puisque, à partir de 1905, son toit a été surmonté d’un observatoire et, bientôt, d’un imposant pylône, sans qu’on puisse vraiment en identifier l’usage.

Villa romaine (ou Villa Georges-Magne)

En remontant vers le nord, le promeneur pourra admirer, à l’orée du bois de Boulogne, au 15 boulevard Anatole-France, la villa Georges-Magne, du nom de son premier propriétaire, dessinée par Lucien Magne et construite entre 1882 et 1884. Issu d’une lignée d’architectes, Lucien Magne a débuté sa carrière en 1874 par la restauration d’édifices religieux avant d’être nommé architecte diocésain d’Autun en 1877. Il dessine, en 1882, pour un de ses proches, cette villa sur cinq niveaux complétée par un campanile, dans un style "à l’italienne" qui lui vaudra le surnom de "villa romaine". La décoration tient essentiellement dans le choix des matériaux : les colorations des faïences ainsi que des charpentes et des balcons en bois trouvent une opposition naturelle dans les parements des murs – un crépis moucheté en mortier de chaux –, formant un ensemble harmonieux. En 1939, d’importants travaux menés par l’architecte E. Leroy vont profondément modifier son aspect : le campanile sera détruit et les façades redessinées dans un style classique qui perdure aujourd’hui.

Villa Voisin

À quelques mètres de là, au cœur d’une propriété ponctuée de grands arbres entre le boulevard d’Auteuil et l’allée des Pins, avait été érigé un hôtel particulier conçu par le célèbre architecte Pierre Patout pour le non moins célèbre industriel et aviateur Gabriel Voisin. Édifié en 1923, un bâtiment monumental était relié à l’ancienne demeure restructurée pour accueillir les services et les chambres d’amis. La bâtisse était d’allure massive : derrière une façade sans fenêtre, haute de 12 mètres (environ quatre étages), l’hôtel, d’une surface au sol de 350 m², faisait la part belle aux grands espaces de réception, notamment un salon de 100 m² et haut de 7 mètres, dont la démesure était à l’image de celles de l’architecte et de son client. Le bâtiment sera rasé au milieu du XXe siècle.

Villa persane

Encore quelques pas et, à l’angle du boulevard d’Auteuil et de l’allée des Pins, se dresse l’hôtel particulier de style néo-mauresque construit pour le céramiste boulonnais Eugène Collinot en 1865. Deux ans plus tôt, il avait fondé avec Adalbert de Beaumont une fabrique de céramique au 44 rue de l’Est. Grand voyageur, il avait parcouru le Moyen-Orient et fut le premier à s’inspirer de l’art japonais. Rien d’étonnant à ce que, lorsqu’il dessina sa villa, il la pare de nombreux décors en céramiques dans le style oriental. En 1951, l’architecte, décorateur et paysagiste Jean-Charles Moreux transforma la propriété en dépouillant les façades de leurs ornements pour leur redonner une allure classique. Il décora le vestibule de perspectives en trompe-l’œil sur le thème des jardins à la française, prolongées par un véritable jardin à l’extérieur. Si, aujourd’hui, la villa n’a plus rien de persan, elle a néanmoins donné son nom à la voie privée qui la longe.