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Culture, Lectures

Salon du Livre : Catherine Cusset cherche "La Définition du bonheur"

Catherine Cusset revient au Salon de Boulogne-Billancourt, une ville qu’elle connaît bien, où elle a vécu. Son dernier roman est présent dans les classements des meilleures ventes, et dans les listes des prix littéraires. L’histoire de deux femmes, peut-être reliées, qui cheminent différemment dans leurs vies. Sur 40 ans, la romancière noue et dénoue bonheurs et malheurs de ses battantes héroïnes.

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Catherine Cusset participera à la rencontre "Femmes remarquables", samedi 4 décembre à 15h au cinéma Landowskiavec Sophie Avon (Une Femme remarquable) et Laure Hillerin (À la recherche de Céleste Albaret, l’enquête inédite sur la captive de Marcel Proust)
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"La définition du bonheur"… un titre en contradiction avec le contenu du roman ?*

Comme toute vie, mon roman est un composé de bonheur et de malheur. Comme tout le monde, mes personnages, Ève et Clarisse, recherchent le bonheur : Ève dans la durée, la stabilité conjugale et professionnelle ; Clarisse dans l’intensité du moment présent. Donc le titre n’est pas en contradiction avec le contenu du livre, même s’il est vrai que pour Clarisse, le bonheur précède souvent la chute.

Vous racontez la destinée croisée de deux femmes, Clarisse et Ève, pendant 40 ans de leur vie. Qui sont-elles ?

Clarisse et Ève sont nées à Paris au début des années 60. Ève, professeur de lettres classiques qui réussit à changer de métier pour devenir cuisinière et traiteur, vit à New York avec Paul, son mari journaliste américain, et leurs deux filles. Clarisse, qui a préféré partir voyager en Asie du sud-est à 20 ans plutôt que d’étudier à la fac, s’est mariée jeune et a eu trois fils : divorcée et abandonnée par son deuxième grand amour, elle se bat pour survivre et éduquer ses fils, en enchaînant les petits boulots.

Que vous permet ce temps long ? De parler d’évolution, de déterminisme, de vieillissement ?

Le temps est le vrai sujet du roman. Ce qui m’intéresse, c’est le mouvement de la vie. Que faisons-nous de nos vies, quelle est notre part de choix, de liberté, et de déterminisme ? Comment pouvons-nous réparer nos blessures ? Qu’est-ce qui en nous change, et résiste au changement ? Comment voyons-nous notre vie quand nous la comparons à celle des autres ?

Clarisse, sans cesse abandonnée, a pourtant le don du moment présent. Est-ce la clé du bonheur ? 

Certainement. Le bonheur se vit dans le moment présent, pas dans la projection du futur ou le souvenir du passé. C’est ce dont s’aperçoit Ève en vieillissant, après son cancer du sein, et c’est pour cela qu’elle admire Clarisse, qui reste belle, séductrice, rayonnante, jeune en dépit des années. Mais Clarisse la sensuelle et l’anticonformiste a aussi quelque chose d’autodestructeur. Elle préfère mourir dans la passion à cinquante ans que vieillir seule dans un Ehpad.

L’écriture vous est-elle facile ? Combien de temps vous faut-il pour écrire un roman comme celui-ci ?

Écrire est ma passion mais ce n’est pas facile, même si mon écriture semble facile ! On me dit souvent qu’elle “coule.” Mais c’est le résultat d’un gros travail. Ce roman a pris à peu près trois ans. Il me faut du temps pour concevoir mes personnages et leur donner vie. Et il faut aussi beaucoup de temps pour retravailler le manuscrit achevé et éliminer tous les mots inutiles.

*Sélection Prix Renaudot 2021 et Finaliste du Prix littéraire Le Monde 2021

Catherine Cusset sera présente samedi 4 décembre au Salon du Livre de Boulogne-Billancourt