Histoire, Animaux

Janvier 1961 Boulogne-Billancourt, capitale mondiale des oiseaux

Janvier 1961. Le parvis de l’hôtel de ville résonne de cris d’enfants. Les élèves de l’école Ferdinand-Buisson accompagnés de leur professeur viennent d’arriver après quelques minutes de marche. Ils sont venus admirer les dizaines d’espèces d’oiseaux exposées à la mairie depuis quelques jours.

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Organisé par la Fédération nationale d’ornithologie, en collaboration avec l’Union ornithologique de France, le troisième Festival mondial des oiseaux se tient à Boulogne-Billancourt du 13 au 26 janvier. Les deux premières éditions – en 1958 et 1959 – ayant connu un beau succès, la municipalité a une nouvelle fois mis à disposition des organisateurs les salons de l’hôtel de ville pour ce grand événement qui rassemble sur plus de 700 m² des animaux appartenant tant à des amateurs ou éleveurs particuliers qu’à des parcs zoologiques de France, Belgique, Hollande, Tchécoslovaquie et Portugal.

PERRUCHES AUSTRALIENNES, PIES DE L’HIMALAYA, PERROQUETS DU GABON, TOURACOS DU SÉNÉGAL

10h. Les portes de l’exposition ouvrent enfin. Le public s’engouffre dans le bâtiment et emprunte l’escalier d’honneur. Soudain, le brouhaha des enfants, désormais bouche bée devant le spectacle qui s’offre à eux, a cédé la place aux piaillements des animaux. Sur le palier de l’escalier, de grands aras bicolores d’Amérique du Sud déploient majestueusement leurs ailes aux côtés d’un très rare et sombre cacatoès funèbre et d’un cacatoès blanc dont l’humeur vagabonde a contraint les organisateurs à l’attacher à son perchoir. Après quelques mots échangés avec le volatile, les enfants continuent leur visite. Atteignant les dernières marches de l’escalier, ils découvrent, dans les vastes volières installées le long des couloirs, les grandes perruches australiennes, les pies de l’Himalaya, les perroquets du Gabon, les touracos du Sénégal et bien d’autres espèces encore. Les animaux des cinq continents semblent s’être donné rendez-vous à Boulogne-Billancourt.

UNE IMMENSE VOLIÈRE DANS LES SALONS D’HONNEUR DE L’HÔTEL DE VILLE

Mais le clou de ce festival est sans conteste l’immense volière à tunnel installée dans les salons d’honneur, où le décor floral mis en place avec soin par les jardiniers municipaux donne aux lieux un faux air de forêt tropicale. S’y prélassent de splendides sujets tels que le calaos à casque concave et à bec jaune, qui ne paraît pas perturbé face à tant d’agitation et semble même poser complaisamment pour les photographes. À quelques pas de là, deux parcs gazonnés agrémentés de bassins permettent aux grues couronnées et aux flamants rouges de patauger à leur aise. Encore émerveillés par tant de plumages multicolores qui semblent se refléter sur les murs dorés des salons, les élèves voient arriver près d’eux un naturaliste avec sur l’épaule une buse bondrée. Ses explications sur les rapaces sont accueillies avec enthousiasme par ce jeune public. Car le festival a avant tout un but éducatif : apprendre aux enfants à connaître et aimer les oiseaux, mais surtout leur faire prendre conscience de la nécessité de protéger certaines espèces en voie de disparition et sauvegarder l’équilibre de la nature. Et pour faire état de toutes les connaissances acquises au cours de leur visite, les moins de 17 ans peuvent participer à un concours doté de nombreux prix.

20000 VISITEURS EN 1961 ET UN NOUVEAU SALON EN 1968

Tandis qu’il devient de plus en plus difficile de circuler dans les allées tant le public est venu nombreux, il est l’heure pour les élèves de repartir en classe, non sans passer par la bibliothèque – située au rez-de-jardin de l’hôtel de ville – pour écouter les enregistrements de chants d’oiseaux qui y sont diffusés et ainsi prolonger l’expérience féérique qu’ils viennent de vivre. Devant le succès de cette édition 1961, avec 20 000 visiteurs, un nouveau festival sera organisé du 2 au 12 février 1968, où plus de 3000 variétés d’animaux venus d’une vingtaine de pays seront exposées, faisant encore une fois de Boulogne-Billancourt la capitale mondiale des oiseaux.

Claude Colas